Ramadan vibes

Ramadan vibes

Déjà dix jours qui se sont écoulés.

Assia surligne d’un trait la date sur son "Ramadan planner" et lit les douas consacrés à cette journée. Cette année sera différente des précédentes InchAllah. Cette année, elle espère que la lumière divine entrera dans son coeur comme jamais auparavant. Assia vient d’une famille que l'on qualifie de "musulmans modérés". Assia n'aime pas cette expression. Pour elle on est musulman ou on ne l'est pas ; et l'on se doit d'appliquer les préceptes et la sunna du prophète Mohammed, paix et salut sur lui. C’est sa façon de voir les choses. Elle sait bien que ses parents ne la comprennent pas, elle sait bien que sa façon de se vêtir, de pratiquer, et parfois même de penser les déstabilise, mais sa foi est plus forte. Et ils n’osent rien dire à cette unique enfant qu’ils ont eu sur le tard.

Assia a fait une liste des adorations qu'elle a prévues pour chacun de ces 29 ou 30 jours du mois de ramadan. Cette année, pas question de se laisser distraire par quoi que ce soit. Elle a supprimé tous les réseaux sociaux qui lui font perdre du temps, et qui finalement ne lui apportent rien. Elle a transformé son abonnement Netflix en Dini tv afin de n’avoir aucune distraction inutile. Sur son smartphone, les seules notifications qu’elle reçoit sont celles des horaires de prière. Oui, cette année, Assia espère vraiment purifer son coeur. Le plus difficile pour elle est de résister pacifiquement à la société occidentale, aux regards des gens sur ses longues robes, aux questions stupides sur le Ramadan:

- "mais tu n'as même pas le droit de boire?",

-"et ta salive c'est grave si tu l'avales?",

-"ah mais en fait tu fais le jeûne intermittent !".

Pour l'instant, Assia a eu la force de répondre par un sourire. C'est sa plus grande victoire, celle sur son "nefs", son âme. "Djihad nefs, djihad nefs" se répète t'elle constamment.

Assia referme doucement son planner. Elle doit se préparer pour aller en cours. Lorsqu'elle rentrera, elle aidera sa mère a préparer le ftour, repas du soir.  Elle a insisté pour en bannir tous les mets sucrés et gras qui ornent d'ordinaire la table à force d'arguments diététiques. Elle a même réussi à remplacer la "Hamoud Boualem", limonade trop sucrée, par de l'eau pétillante citronnée à laquelle elle ajoute quelques feuilles de menthe.

Après le repas, Assia rejoindra ses amies pour aller aux prières de "Taraweeh". Elle sourit en pensant aux soirées qu’elle passait auparavant avec ses cousines, soirées musicales où elles se rassasiaient de spectacles et de "kalbelouz".  Maintenant elle choisit de se repaitre de nourriture divine. C’est plus sain, c'est meilleur pour son coeur, ce coeur qu'elle sait malade et faible.

Mais avec la grâce d'Allah, elle parviendra à le guérir...inchAllah.

Sam Kamat.