Wedding day

Wedding day

Des mois qu’on en parlait, qu’on le peaufinait dans les moindres détails, de la liste d’invités au plan de table, du nombre de couverts à la branche d’Olivier du jardin à cueillir deux jours avant. Tout était pensé, écrit, réfléchi, débattu pendant des heures, parfois même disputé. La seule inconnue était sensée être le temps. Beau temps, mauvais temps, en automne c’est tout ou rien. C’est l’été indien où les giboulées de mars à retardement, parfois même le froid  sibérien…oui oui ça s’est déjà vu.

Et le grand jour est enfin arrivé. Le ciel s’est heureusement dégagé à l’arrivée des premiers invités, permettant à ces derniers de profiter d’un environnement similaire à celui d’autant en emporte le vent, avec un ciel digne des hauts de Hurlevent. Premier faux pas pour des pseudos d’origine algérienne. Un mariage dans un château, ça ne se fait pas souvent. Les familles nombreuses sont habituellement conviées dans de grandes salles situées dans des zones industrielles où il n’y a pas âme qui vive alentour pour entendre les youyous et les « achtah achtah ya Taous ».

Les invités arrivent donc dans un parc et s’attendraient presque à voir cendrillon ou la belle au bois dormant au détour d’une tourelle. Il y a juste un paon et quelques volatiles dans une cage. Une musique d’ambiance feutrée est diffusée en fond sonore, et le cocktail de bienvenue est vite pris d’assaut par les invités qui en ont fait du chemin pour arriver jusqu’ici. Certains viennent juste de la région parisienne, d’autres de la profonde banlieue lyonnaise, et quelques uns ont même traversé l’Atlantique depuis le Canada. C’est qu’il ne faut pas oublier son éducation, ses principes, sa famille. La famille ….. parfois tellement désarçonnée par ce mariage qui sort des standards figés dans une culture volontairement sclérosée. Une culture qui n’admet aucune entrave, une culture qui se ferme finalement à toute évolution, toute nouveauté. Alors la famille se permet de critiquer, parfois discrètement parfois ouvertement sans se soucier du fait que s’ils sont là, c’est justement par égard pour eux. Qu’importe, la prochaine fois on fera sans elle. La soirée se poursuit avec un deuxième « faux pas », les mariés ont souhaite un mariage non mixte. Oh sacrilège ! En regardant bien, les prestataires sont tous identifiés comme étant des musulmans pratiquant, tous!! Troisième faux pas. Les algérois sont désarçonnés, scotchés, eux qui pensaient l’évolution de leur caste supérieure loin de tous ces standards religieux. Rien ne cadre avec ce à quoi ils sont habitués, la musique, trop comme ci, le buffet repas, non mais personne ne nous sert ? Alors ils vont rire sous cape, se sentir offusqués de devoir attendre leur tour pour aller se servir (comment ? Leur table n’est pas la première à passer au buffet ?).

Heureusement ils sont en minorité. Heureusement il y a les autres, les êtres chers, les êtres proches, les êtres aimés, ceux qui vous aiment pour vous et que vous aimez pour eux. Ceux qui font la fête et participent à votre joie, ceux qui finalement sont Votre famille, celle que l’on choisit. Quant à l’autre, tant pis….

Sam kamat